La taiseuse
Elle parlait si peu
Ne disait rien sur rien
A peine souriait-elle au mieux
A chacun des siens
Elle portait l’habit noir Madeleine
Et le chignon à l’année
Tricotait ses bas de laine
Entre deux chapelets
L’âme qui respecte l’angélus
Devoir de prière
J’en ai encore un rictus
Quand je songe à cette grand-mère
Croyante inconditionnelle
Un cierge entre les phalanges
A l’heure de sa vie éternelle
Qui fait de nous des anges
Coutume ancienne
De nos aïeux bigots
Elle rendit l’âme en fin de semaine
D’un avril pas manchot
Qui travaille dans les ramures
Et fut enterrée sobrement
Contre le mur
Du cimetière qui détient toujours ses ossements…
Veuve de longue haleine
D’un marchand de bestiaux
Elle se plia sans haine
A la volonté du très haut
Se satisfaisant de peu
Ne se plaignant de rien
Elle allait au mieux
Recevant la visite des siens
Et celle du curé
Dans ses sabots de bois
Le temps d’échanger
Deux mots sur le temps…et sa foi
Combien j’ai souvenance
D’une vieille femme sombre
Qui aimait les siens en silence
Comme le fait une ombre
Présente mais muette
A qui je ne savais que dire
Les dimanches matin après la quête
En ouvrant sa porte rue des Martyrs…
Elle parlait si peu
Ne disait rien sur rien
Auprès de vous mon Dieu
Aime-t-elle se confier enfin…?
jill bill